Marie-Thérèse (Mesi) Fischer, 38 ans, est post-doctorante à l’université de Stanford et mène actuellement ses recherches au sein de la réserve naturelle des Nouragues située au cœur de la Guyane française.
Accompagnée de Gaëlle Raboissant, 25 ans, assistante de terrain, elles étudient ensemble le développement neuronal des grenouilles et plus précisément la Ranitomeya variabilis, une espèce d’amphibiens de la famille des Dendrobatidae.
Parcours universitaire
Avec un parcours atypique, Mesi a commencé par un doctorat scientifique en biologie moléculaire à Vienne, en Autriche, avant de travailler dans un laboratoire de diagnostic génétique. Elle a ensuite poursuivi ses études et obtenu un second master en biologie comportemental.
Aujourd’hui post-doctorante, elle effectue ses recherches à l’université de Stanford située au cœur de la Silicon Valley, à San Francisco, classée parmi les meilleures écoles au niveau mondial.
Objet de recherche
Mesi effectue ses recherches sur le rôle de l’alimentation dans le développement du cerveau des Ranitomeya variabilis.
Pour ce faire, elle se rend régulièrement sur l’Inselberg de la station des Nouragues, une colline isolée à 411m d’altitude, surplombant la forêt amazonienne. Cette zone de recherche unique et captivante abrite des Broméliacées, une plante tropicale d’Amérique du sud et des Antilles où se réfugient de nombreux animaux, dont certains dendrobates.
Les têtards des grenouilles transportés par le mâle dans les Broméliacées sont suivis de près par Mesi et Gaëlle tout au long de leurs développements.
Amplifiées au sommet de l’Inselberg, les changements de climats entre saison sèche et saison des pluies obligent les grenouilles à s’adapter quotidiennement. Il y a plusieurs années, un groupe de chercheurs dont Eric Poelman a remarqué que, dans ces conditions extrêmes, les Ranitomeya variabilis adoptent un comportement unique.
Les points d’eau s’asséchant plus rapidement, les grenouilles développent alors une stratégie peu commune pour la survie de leurs nouveaux-nés :
Les œufs éclosent, les têtards naissent et leur croissance doit se faire au plus vite pour pouvoir survivre en dehors des bassins.
Les grenouilles vont alors donner aux têtards de nouveaux œufs, fécondés par elles-même ou d’autres grenouilles, afin de les nourrir. Grâce aux nouveaux nutriments apportés, les têtards vont se développer plus rapidement qu’en se nourrissant de feuilles ou d’algues.
Les recherches portées par la post-doctorante Mesi porte donc sur le développement neuronal et le comportement des têtards à travers ce phénomène.
« L’accès à la station des Nouragues me permet d’étudier cet incroyable comportement décrit ici-même pour cette population de grenouille. C’est une vraie chance personnelle et professionnelle. »